Monsieur le Président,
Chaque année, j’attends avec impatience ce rapport Transition et Résilience qui nous permet de confronter vos ambitions affichées à la réalité de vos résultats.
D’autant plus qui vous revendiquez haut et fort mener « le dernier mandat pour le climat ».
Pour autant, le constat, lui, demeure le même : derrière les slogans, il y a une politique environnementale bien plus contrastée. J’illustrerais mes propos par 3 focus :
- Emission des GES
Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET) adopté par la précédente majorité nous fixait un cap clair : réduire de 43 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2026. Or, où en sommes-nous ?
Certes au niveau du territoire métropolitain, les émissions ont reculé depuis 2015. Mais en 2024, elles demeurent au-dessus de leur niveau de 2020. Cela signifie une chose simple : notre territoire n’est pas engagé dans la dynamique nécessaire pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. La trajectoire reste trop faible, trop lente, trop éloignée des exigences climatiques.
La consommation énergétique sur ce même territoire métropolitain suit le même chemin. Depuis 2005, elle n’a baissé que de 17 %. Il en faudrait presque le double pour atteindre la cible de 33% de baisse d’ici 2026. Ces résultats sont l’expression d’un retard structurel qui s’installe, d’un effort collectif qui ne décolle pas.
Pour ce qui concerne la collectivité Métropole de Lyon, c’est silence radio. Pas d’indicateurs de suivi annuel des émission de GES dont votre majorité est responsable par ses décisions. Nous avons seulement un indicateur concernant les achats numériques dont l’impact carbone semble maîtrisé, pour le reste rien. Les achats informatiques représentent moins de 1% du budget de la Métropole ! En réalité la maitrise des émissions des GES n’est pas une priorité de votre majorité verte ! Et pourtant sans réduction drastique de ces émissions il n’est pas possible de réduire le réchauffement climatique. Par 3 fois, en mars 2023, puis en juin 2023 et enfin en janvier 2025 nous avons déposé un vœu afin que la Métropole suive très précisément les émissions dont elle est directement responsable … à chaque fois vous avez refusé d’inscrire notre vœu à l’ordre du jour.
- Votre politique en faveur du logement
Chacun ici sait que la lutte contre l’habitat indigne et la rénovation des logements reste l’un des leviers principaux. Vous aviez d’ailleurs fixé l’ambition de 10 000 rénovations par an. C’était par exemple seulement 2755 rénovations en 2022.
Autrement dit, nous sommes très loin de l’objectif annoncé.
Vous faites pire que vos prédécesseurs qui avaient rénovés 4492 logements en 2018 et 5311 logements en 2019. L’action se ralentit précisément là où elle devrait s’accélérer !
Pendant ce temps, 90 000 foyers demeurent en précarité énergétique. Ce sont autant de familles prisonnières de logements mal isolés, étranglées par des factures qu’elles sont incapables de payer.
La crise d’accès au logement persiste : En 2024, on dénombre 88 650 demandes pour un peu plus de 9 200 attributions en 2024. Une pression de presque 10 demandes pour une attribution, là ou en 2019 elle était de 6 demandes pour 1 logement.
Tout sauf étonnant quand on sait qu’au cours du mandat, vous avez été dans l’incapacité de respecter vos engagements de produire 5000 sociaux/an.
- Enfin les mobilités
On peut bien-sûr se féliciter de la progression de l’usage du vélo depuis bientôt 20 ans.
Mais c’est un succès en trompe l’œil, car il faut aussi être conscients de la manière dont vous conduisez l’évolutions des usages :
- Celui d’aménagements déséquilibrés, de plans de circulation qui aggravent la congestion.
- Lyon est désormais la 5ᵉ ville française la plus congestionnée, avec un taux qui a bondi de 5 % en un an pour atteindre 31 %.
Oui, il faut accompagner les usagers vers des modes plus doux. Mais pas par la contrainte aveugle. Votre théorie de « l’évaporation du trafic » a atteint ses limites comme le démontre par exemple l’étude réalisée à posteriori sur l’aménagement de l’avenue des Frères Lumières dans le 8ème arrondissement. Sans vraies solutions de report modal, vous créez de la pollution et de la frustration sans régler le problème de fond.
Monsieur le Président, ce rapport illustre que derrière les slogans rutilants, se cache une réalité bien plus contrastée.
Celle des promesses non tenues et d’un rendez-vous manqué.
L’urgence climatique exige autre chose que vos atermoiements, elle exige de nous des actes.
Il est temps de passer de l’incantation à l’action.
Je vous remercie.
Intervention de Christophe Geourjon en Conseil de la Métropole de lundi 17 novembre, Délibération n°2025-3128.
