Monsieur le Président,

Chers collègues,

Dans quelques jours, le 25 novembre, se tiendra la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.

En France, plus de 90 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2024.

En Europe, l’écart salarial stagne autour des 13 % et dans le monde, il faudrait encore 134 ans pour atteindre la parité économique.

Ces chiffres sont un signal d’alarme. Une société qui se veut exemplaire ne peut se résigner à voir l’égalité reléguée au second plan, et encore moins laissé cet héritage pesé sur les générations futurs.

Face à ces réalités, c’est ici, dans notre institution, que nous avons la responsabilité et les moyens d’agir.

Ces dernières années, nous avons franchi des étapes majeures. Des progrès significatifs ont été obtenus.

La parité est désormais atteinte et stabilisée depuis 2015, avec 50,3 % de femmes parmi nos effectifs permanents. L’écart salarial moyen reste limité à -1,9 %, et le dispositif de signalement fonctionne efficacement.

On peut également souligner la généralisation des protections menstruelles dans nos collèges, un geste concret.

Autre point encourageant : en 2024, 75 % des femmes ont bénéficié d’au moins une formation, un levier essentiel pour leur autonomisation professionnelle et leur progression dans leur carrière.

Tout cela mérite d’être salué, d’autant que dans de nombreuses collectivités, le principe même de l’égalité reste encore sujet à débat.

Mais nous savons aussi qu’un plafond de verre persiste.
Ceci est particulièrement visible dans le manque de mixité de certaines filières professionnelles à la Métropole.
Dans la filière technique, les femmes ne représentent que 21 % des effectifs, avec une progression dérisoire de seulement 1,6 point en dix ans.
Certains métiers restent ainsi stéréotypés, et les clichés continuent de limiter les choix professionnels.

L’égalité, c’est aussi une question de justice économique.

Les écarts salariaux moyens demeurent en défaveur des femmes :

  • -10,8 % en catégorie A
  • -3,9 % en catégorie B
  • -14,8 % en catégorie C.

Les femmes représentent 63 % des contractuelles, soit 6 points de plus qu’il y a cinq ans. La précarité semble désormais se conjuguer au féminin.

Une autre inégalité apparaît lorsqu’on examine les progressions de carrière : en 2024, 66 % des promotions internes ont été accordées aux hommes, contre seulement 34 % aux femmes.
Si nos effectifs sont paritaires, la reconnaissance professionnelle ne l’est pas : au moment des promotions, les hommes continuent de bénéficier des deux tiers des opportunités.
Cette situation marque également un recul par rapport à 2023.

Enfin, il y a un volet que le rapport documente peu : l’égalité pour les habitantes de notre territoire.
Quelle est l’insécurité ressentie dans nos espaces publics ? Les données sont insuffisantes.
Quel est l’impact de nos aménagements sur la mobilité et la sécurité des femmes ? Il reste largement méconnu.

Comment se porte l’accès au logement pour les mères isolées ? Aucune évaluation précise n’existe.

L’égalité pour les habitantes de notre Métropole ne peut plus rester un angle mort.

Il nous faut poursuivre la construction d’indicateurs fiables et robustes : sur l’insécurité ressentie, l’accès au logement, l’aménagement urbain, et bien d’autres facteurs encore, afin que nos politiques publiques soient pleinement efficaces et adaptées.

Chers collègues, nous pourrions nous satisfaire de ce bilan.


Mais voilà : se contenter de faire mieux que d’autres, alors que nous prétendons être exemplaires, revient simplement à faire moins mal.

La question de l’égalité des genres doit guider chaque jour notre action publique.
Oui, continuons, mais avec davantage d’exigence et de courage.


L’égalité se construit dans le quotidien de nos agentes et de nos habitantes. Le chemin reste long, mais nous savons où aller.


Nous disposons des outils et des moyens nécessaires, et d’une politique qui, bien que volontariste, doit encore se renforcer pour produire tous ses effets.

Je vous remercie.

Intervention de Marion Carrier en Conseil de la Métropole du lundi 17 novembre 2025. Délibératio n°2025 – 3068.

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