Monsieur le Président,
J’interviens au nom des groupes Inventer la Métropole de Demain, La MétroPositive et Synergies élus et citoyens.
Monsieur le Président, le chantier de l’aménagement de l’Avenue des Frères Lumière est l’illustration de votre méthode. Pas de concertation, pas d’étude d’impact global du projet sur les mobilités à l’échelle du quartier, un chantier mal géré qui s’étale sur des mois, voire des années sans mise en place de mesures d’accompagnement pour les commerçants.
Là où régnait autrefois une animation commerçante, on ne voit aujourd’hui plus que des barrières, de la poussière, du bruit et du découragement. Des dizaines de commerçants sont aujourd’hui à bout de souffle : certains ont déjà fermé, d’autres tentent de survivre.
La librairie Mise en Page a baissé le rideau, tout comme la boutique de prêt-à-porter Preppy et la pâtisserie Chrystelle en cuisine.
Plus largement, les enseignes de prêt-à-porter, les bureaux de tabac et les cafés voient leur chiffre d’affaires se dégrader quotidiennement depuis l’engagement des travaux. C’est une vingtaine de procédure de fermeture de commerce qui serait en cours !
Le projet, sur le papier, devait apporter de l’apaisement, un cadre de vie amélioré, une requalification de qualité.
Mais sur le terrain, c’est tout l’inverse…
Vous avez sorti un nouveau plan de circulation de votre chapeau, comme à votre habitude, sans concertation, tout juste de l’information.
Ce nouveau plan de circulation, marqué par la décision ahurissante de rompre la continuité du trafic sur l’avenue des Frères Lumière et par les modifications apportées rue Saint-Nestor, a provoqué un report massif du flux automobile vers les rues adjacentes, notamment les rues Guilloud et Paul Sisley.
Les embouteillages y sont désormais quotidiens, notamment aux croisements du cours Albert Thomas et de la rue Rebatel.
Ces rues, n’étaient et ne sont toujours pas adaptées pour devenir des axes de délestage.
Et pourtant, vous avez décidé de maintenir le plan de circulation cet été contre toute évidence.
Le quotidien y est devenu insupportable : nuisances sonores continues, pollution accrue, dangerosité pour les piétons, les cyclistes et les Personnes à Mobilité Réduite.
La suppression des feux tricolore pose aussi un problème de sécurité, ces mêmes feux servaient aussi d’avertisseur pour les mal-voyants. Par manque d’anticipation, aucune installation de substitution n’a été mis en place !
Chaque matin, les habitants du quartier se lèvent plus tôt pour éviter les embouteillages.
Chaque jour, ils perdent du temps, de l’énergie, parfois même leur patience.
Les accès bloqués, les déviations incompréhensibles sans signalisations, les modifications sans informations préalable, tout cela pèse lourdement sur leur vie quotidienne.
Les accidents se sont multipliés au cours du mois d’août. Partout, les habitants parlent « d’un enfer quotidien ».
Et face à cela, vous ne cessez de répéter la même rengaine :
“C’est un mal nécessaire pour un bien futur.”
La fameuse théorie du mal nécessaire que vous invoquez pour justifier l’injustifiable.
Sauf qu’ici, le bien futur est hypothétique, et le mal présent bien réel.
À savoir que ces travaux ne sont pas fondés sur l’amélioration de la qualité de vie future des habitants et des salariés, mais sur votre vision dogmatique des mobilités.
D’autant que certaines conséquences seront irréversibles :
Car de quel apaisement parle-t-on, quand le quartier est exsangue ? De quelle revitalisation parle-t-on, quand les commerces meurent un à un ? Que les habitudes des consommateurs sont déjà perdues. Que les clients partis ailleurs pour faire leurs achats ne reviendront pas. Une fois qu’un commerce de proximité a disparu, il est trop tard et c’est la vitalité du quartier qui s’éteint peu à peu.
Les rues de délestage resteront fragilisées. Le trafic déplacé sur les rues Guilloud, Paul Sisley ou Villon a bouleversé durablement les flux et ces rues ne retrouveront pas la quiétude d’avant. Les nouvelles nuisances vont devenir pérennes.
Enfin, vous avez surtout réussi, comme dans bien d’autres communes de la Métropole, à créer une fracture entre les institutions et les habitants. Et quand on détruit la confiance, on ne la reconstruit pas seulement avec du mobilier urbain neuf.
Alors, quand vous dites que tout ira mieux après, nous, nous vous disons qu’il sera déjà trop tard.
Trop tard pour les commerçants disparus, trop tard pour les riverains excédés, trop tard pour réparer ce lien abîmé.
Aujourd’hui, vous nous demandez en commission à huit clos de voter des crédits supplémentaires pour poursuivre un projet dont tout le monde constate déjà les dégâts.
Nous ne pouvons pas cautionner davantage cette méthode qui prolonge la souffrance d’un quartier et qui asphyxie ceux qui le font vivre.
Nous ne pouvons pas cautionner non plus votre manque d’anticipation qui induit une dérive financière de ce projet.
Avec constance nous disons stop à vos choix néfastes pour notre territoire et ses habitants.
Nous voterons contre cette délibération.
Je vous remercie.
Intervention de Christophe geourjon en commission permanente du lundi 13 octobre 2025. Délibération n°2025- 4552.