Monsieur le Président,

Chers collègues,

Je prends la parole au nom des trois groupes d’opposition, dont La Métro Positive et le groupe Synergies Élus et Citoyens.

Il nous est demandé ici de délibérer sur la refonte de la carte scolaire 2025 qui impactera trois secteurs métropolitains.

  • Les collèges de Vénissieux et Saint-Fons, avec l’ouverture du nouveau collège Katia Krafft.
  • Les collèges du 9e arrondissement (Jean de Verrazane et Jean Perrin) et le collège Jean Moulin dans le 5e arrondissement à Lyon.
  • Et le secteur de Feyzin avec l’ouverture de l’école Bois du Fort.

Monsieur le Président, permettez-moi de répéter que cette discussion n’aurait jamais dû se tenir dans les conditions qui nous sont imposées aujourd’hui, au sein de ce qui est devenue maintenant une méga commission permanente à huis clos.

Cette délibération importante pour l’organisation des familles et la scolarisation de leurs enfants devait être votée lors du Conseil de janvier.

Mais au dernier moment, vous avez choisi de la reporter. Officiellement pour une réécriture de la délibération demandée par plusieurs élus de Vénissieux.

Deux phrases légèrement modifiées sur les collèges Louis Aragon et Alain et une phrase ajoutée pour dire que la sectorisation pourra évoluer… un scoop ! à la relecture, cela ressemble davantage à un mauvais jeu des sept erreurs.

Seulement, est-ce aux élus de Vénissieux de dicter l’agenda métropolitain ? 

Vous avez visiblement fait le choix de sacrifier le débat public afin de ménager des élus de votre majorité à Vénissieux.  Nous n’avons visiblement pas la même conception de la démocratie locale.

Tout cela manque de sérieux.

Tout cela manque de rigueur. 

Une décision aussi structurante aurait mérité un véritable débat, une concertation approfondie avec les parents d’élèves, les élus locaux et les associations concernées. 

Pourtant, une fois de plus, ces acteurs sont mis à l’écart du processus décisionnel.

Mais venons-en au fond de la délibération avec certains choix de sectorisation qui semblent défier tout bon sens. 

La création de ce nouveau collège visait à répondre à une augmentation de la population de Saint-Fons, mais aussi tendait à réduire la surcharge du collège ALAIN et ainsi répartir plus équitablement les élèves entre les différents collèges.

À Vénissieux et Saint-Fons, la volonté de rediriger un grand nombre d’écoliers vers le collège Katia Krafft pose question. Ces élèves viennent pour certains de quartiers où la mixité sociale subsiste encore, comme au Grand Chassagnon à Saint-Fons, à Vénissieux Centre et une section du Charréard.

En réalité, il s’agit d’un siphonnage de la diversité en faveur d’un seul collège, entraînant un nivellement sociologie économique par le bas pour les autres établissements.

Exemples ci besoin : [Collège Éluard – IPS 68 ; Collège Aragon – IPS 73 ; Collège Alain – IPS 66]

En concentrant les élèves issus de milieux les plus précaires dans les mêmes établissements, vous risquez d’aggraver un effet de ghettoïsation. 

On nous parle d’attractivité pour le collège Katia Krafft, très bien, mais à quel prix ? Celui d’une détérioration accrue des conditions d’apprentissage dans les autres collèges ? Celui d’un accroissement des inégalités scolaires ?

Plusieurs solutions permettraient pourtant d’éviter cet effet pervers et de mieux répartir les élèves :

Mettre en place des montées alternées pour lisser la répartition des élèves issus de milieux sociaux différents.

Attribuer les élèves en fonction des Indices de position sociale (IPS) des familles afin d’équilibrer la composition sociale des établissements.

Redéfinir la sectorisation en intégrant des quartiers moins ségrégués de Lyon ou de Saint-Priest afin d’introduire davantage de mixité sociale.

Malheureusement, vous faites exactement l’inverse de ce que réclament les principes républicains ! Vous creusez les inégalités au lieu de les réduire.

En ce qui concerne les collèges du 9e arrondissement de Lyon, si l’objectif de mixité avancée peut se reconnaître quand on regarde les IPS des collèges et ceux des écoles primaires concernées, c’est sur un autre plan que votre délibération pèche : les déplacements et donc la fatigue des enfants notamment pour ceux de l’école Jean Zay dépendant aujourd’hui du collège Jean de Verrazane, à seulement 10 minutes à pied. 

Mais votre nouvelle carte scolaire les envoie au collège Jean Moulin, dans le 5e arrondissement. 

A pied, le trajet passe de quelques 10 minutes à près de 40 minutes ! Évidemment, les élèves auront donc l’obligation de prendre les transports en commun, avec au programme : 20 minutes de trajet, une correspondance et un passage obligé par Gorge de Loup, pas exactement l’endroit le plus sécurisant pour des jeunes adolescents. 

Et après, vous nous parlez d’écomobilité, de trajets courts, de réduction de l’empreinte carbone… Quelle cohérence !

Monsieur le Président, cette nouvelle carte scolaire défait ce qui avait été construit pour assurer une éducation de proximité et un renforcement de la mixité sociale. Elle compromet ce que nous voulons pour nos enfants, à savoir des conditions d’apprentissage dignes, un accès équitable à l’éducation et une égalité des chances pilier de notre école Républicaine.

C’est pourquoi nous voterons contre cette délibération.

Je vous remercie.

Intervention commune en commission permanente du 17 février 2025 – Délibération n°2025-3987.

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