Monsieur le Président,
Chers collègues,
La réussite des Jeux Olympiques et Paralympiques de cet été nous a montré que la France était encore capable de se rassembler et de faire corps autour d’un sentiment national, celui d’une appartenance à un seul et même pays et autour d’une même passion : le sport.
Cet esprit de concorde qui a régné sur l’Hexagone durant cette période doit nous inspirer.
Les enseignements à tirer sont nombreux : des transports publics performants aux policiers nombreux et affables, de la sécurité sans faille à l’ordonnancement précis des épreuves, l’héritage de Paris 2024 est immense, et cette réussite ne peut être sans lendemain.
Néanmoins, la fièvre olympique retombée, a laissé place à l’instabilité politique qui secoue notre pays et menace notre démocratie.
Les inquiétudes des Français sont grandes : le pouvoir d’achat, la sécurité, le logement, mais aussi la situation de nos finances publiques qui ne manquera pas d’impacter les collectivités locales.
Nous sommes tous conscients ici, du désengagement progressif de l’État auprès des collectivités territoriales ces dernières années. La dernière note de Bercy, qui prévoit un nouveau dérapage budgétaire pour l’année 2024, en accusant les collectivités de participer à la dégradation financière du pays, est inacceptable.
La décentralisation de notre pays s’est construite sur des principes de réalité : l’efficacité de la gouvernance en proximité, la plus grande possibilité d’agir et de décider des élus locaux au plus près des administrés.
Ne plus faire confiance, et pire, les accuser à tort de participer à la dégradation des finances publiques du pays, revient à remettre en cause les compétences et la légitimité des élus locaux.
C’est pourtant sur la base de projets concrets, construits par la proximité avec les communes et leurs habitants, que les dynamiques locales participent à garantir la viabilité de notre pays.
Les habitants l’ont bien compris et revendiquent d’être écoutés.
Mais force est de constater que l’écoute et le sens du dialogue ne sont pas vos premières qualités.
Pourtant, de nombreux acteurs ne cessent de vous alerter : riverains, habitants dans le cadre des pseudo-concertations que vous lancez, par des pétitions qui restent lettre morte, le monde économique, qui vous interpelle régulièrement.
Écoutez-les, faites preuve de pragmatisme et non de dogmatisme, et acceptez enfin d’être un président de tous les métropolitains et non seulement d’une minorité.
C’est la seule solution pour relever et réussir collectivement les défis à surmonter sur notre territoire.
Le rapport estival de l’INSEE a de nouveau mis en lumière la dépendance des habitants de l’agglomération à la voiture, en avançant que 68 % des salariés lyonnais viennent au travail en véhicules motorisés.
Si nous croyons, comme vous, Monsieur le Président, que les modes de déplacement doivent évoluer, cela doit être accompagné, évalué et non pas imposé.
Certains de vos choix sont violents pour une grande partie de la population principalement active.
Ceux qui n’ont d’autre choix que de prendre leur voiture pour travailler sans solution de transports alternatifs, ceux qui voient leur activité décliner faute de fréquentation.
Monsieur le Président, après des années fastes profitant d’une excellente situation financière laissée par vos prédécesseurs et d’une conjoncture favorable, il faut maintenant penser à redresser les comptes de notre Métropole.
Nous voyons de ci de là des décisions soumises au conseil pour réduire les dépenses de fonctionnement.
Au-delà des décisions arbitraires, ne serait-il pas utile de bâtir un véritable plan de réduction des dépenses plutôt que d’agir au coup par coup ?
Le triste épisode des « bébés à la rue » en a malheureusement été un exemple navrant.
Aucune contrainte financière, aucune justification de compétence ne peut légitimement justifier que des enfants soient abandonnés à la rue.
Enfin, sachez, Monsieur le Président, que nous veillerons également à ce que la nécessité d’effectuer des coupes budgétaires ne se fasse pas au détriment des acteurs économiques. Depuis le début de votre mandat, vous n’avez cessé d’envoyer des signaux négatifs au secteur, notamment par votre politique d’urbanisme qui n’est pas en phase avec la typologie du territoire, mais aussi en redirigeant progressivement votre soutien financier à des économies qui vous intéressent plus que d’autres.
Nous avons la chance de disposer d’un territoire avec une forte histoire industrielle et un tissu économique diversifié qu’il faut continuer à soutenir et à développer pour garantir la richesse de notre territoire, au risque de s’appauvrir et de ne plus pouvoir mener les politiques sociales et environnementales qui s’imposent.
Je finirai en insistant sur la nécessité de poursuivre, voire d’amplifier encore nos efforts pour le logement : plus de logements abordables et accessibles, plus de réhabilitation pour permettre aux habitants, en copropriété comme en logement social, de bénéficier des meilleures conditions de vie sans voir leur facture augmenter.
Monsieur le Président, la fin de votre mandat s’annonce des plus difficiles dans bien des domaines. Soyez assuré que nous veillerons à ce que votre politique reste au service de l’intérêt général, loin des dérives dont vous avez pu faire preuve au cours de ces quatre premières années.
Je vous remercie.
Intervention préalable, Conseil de la Métropole du 30 septembre 2024.