Communiqué de presse du 2 juin 2021
Nouveau projet de la Part-Dieu, quelles ruptures ?
La nouvelle majorité vient d’annoncer son projet pour la Part-Dieu, le présentant comme un projet de rupture avec ce qui était fait jusqu’alors, voulant réaliser « un projet à vivre. »
Nous tenons à rappeler que faire de la Part-Dieu un quartier dans lequel on aime à venir, à passer du temps, à donner rendez-vous à ses amis et pas seulement un quartier où l’on passe pour prendre un train, les transports en commun, acheter et repartir, aller à l’auditorium le temps d’un concert ou à la bibliothèque pour y travailler, c’est exactement le sens du projet développé avec l’agence d’architecture et d’urbanisme (AUC).
Cette agence qui accompagne depuis sa création la société publique locale (SPL) Lyon Part-Dieu ne doit pas être totalement dénuée de talent puisqu’elle vient d’obtenir le grand prix d’urbanisme 2021. Et le projet qu’elle avait définie était précisément de transformer la Part-Dieu pour en faire un « quartier à vivre ».
Quel était le constat de la majorité précédente ?
La Part-Dieu a été conçue dans un urbanisme où les piétons étaient censés se déplacer sur les dalles et les passerelles tandis que le sol était réservé aux voitures avec la création d’autoroutes urbaines. D’où au niveau du sol des façades aveugles (murs ou garages).
Nous avons d’abord voulu en finir avec l’autoroute urbaine qui traversait ce quartier, réduire la largeur des voiries, faire la part belle aux arbres et aux végétaux avec une promenade et des espaces agréables. Pour les piétons comme pour les cyclistes.
C’est bien sûr Garibaldi mais c’est aussi le parvis René Richard devant les Halles. C’est la rue Moncey requalifiée, ce que nous avons appelé le sol facile.
Nous voulions d’autre part avoir pour tous les nouveaux immeubles ce que nous avons appelé des socles actifs pour que sur le rez-de-chaussée et le premier étage puissent s’s’installer bars, restaurants, commerces. Et aujourd’hui l’on voit de plus en plus de personnes travaillant ou habitant dans le quartier venir profiter de ces établissements, de leurs terrasses.
On est en train de reproduire à la Part-Dieu l’ambiance qui est aujourd’hui celle de la Confluence.
Ce quartier comme tous que nous avons réalisés à Lyon et dans notre agglomération, nous l’avons voulu de mixité fonctionnelle, c’est-à-dire mêlant bureaux, logements et espaces verts.
On nous dit aujourd’hui qu’une des novations du nouveau projet serait la volonté de végétaliser le quartier. Et comme exemple, on nous donne la rue Bouchut qui, pour une partie, sera fermée à la circulation afin de créer une « forêt urbaine ».
Vu le ridicule de cette appellation, on est en train de rebaptiser ce lieu « boisement ».
Ce changement aura comme inconvénient pour les automobilistes de ne plus pouvoir tourner pour se rendre dans la partie ouest de Lyon pour un gain modeste en « boisement » puisque la partie arborée sera de 3 500 m2 qui en fait prolongera les 3 500 m2 que nous avions prévu de végétaliser au pied de la bibliothèque.
C’est bien peu par rapport à ce que nous avons réalisé ces dernières années sur Garibaldi dont nous prévoyions une troisième tranche.
C’est un peu plus que ce que nous avons réalisé sur l’îlot Desaix derrière les immeubles dessinés par Portzamparc.
C’est surtout insignifiant par rapport à ce que nous avons réalisé avec la place Mandela qui aujourd’hui fait 4 Ha donc 1,8Ha d’extension récente au nord de l’avenue Félix Faure.
C’est oublier aussi que nous avons voulu, de chaque côté de la gare, végétaliser la place de Francfort et la place Béraudier.
Nous ne sommes pas sûrs qu’au jeu de savoir qui a planté le plus d’arbres et qui a le plus végétaliser, l’ancienne majorité ne soit pas au final largement gagnante.
Pourquoi les entreprises veulent-elles s’installer à Part-Dieu ?
Il faut bien préciser entreprises parce qu’il n’y a pas que du tertiaire à la Part-Dieu mais une multitude de ces bureaux d’étude qui préparent l’avenir et sont en particulier engagés pour réaliser les conditions d’une « transition énergétique ». Transition qui ne doit pas être que de vocabulaire mais s’incarner dans ces innovations qui nous permettront de relever les défis de la pollution de l’air, de nos eaux, de nos sols, qui permettront de lutter contre le réchauffement climatique.
Si beaucoup d’entreprises souhaitent être à la Part-Dieu, c’est tout simplement parce que ce quartier est au cœur de tous les déplacements : c’est notre gare centrale bien sûr et c’est pour cela qu’avec le To-Lyon, nous sommes en train d’agrandir la gare et d’y ajouter de nouveaux accès rue Pompidou qu’il faut se garder de mettre piétonne.
Cette gare prévue pour 30 000 passagers lors de sa construction en accueille aujourd’hui plus de 120 000 et nous dépasserons dans quelques années les 200 000. Mais c’est aussi là que viennent converger, mais aussi Métro, Tramway, Trolley, Bus. Bref l’ensemble du système de transports en commun de l’agglomération mais au-delà de l’aire urbaine de Lyon.
Aujourd’hui la Part-Dieu, c’est donc 1,3 millions de m3 de locaux d’entreprise. C’est dire que l’ensemble des équipes municipales qui se sont succédé avaient compris combien ce lieu était capital pour l’économie lyonnaise.
On aurait pu penser qu’une logique écologique tendrait à développer l’urbanisation de ce secteur puisque les déplacements domicile-travail peuvent se faire en transports en commun et éviter les déplacements en véhicules individuels (88% des salariés de la Part-Dieu viennent en modes doux). Par ailleurs le nouveau PLU-H prévoit de densifier autour des gares. Il est donc contradictoire de ne plus vouloir le faire autour de la Part-Dieu.
C’est cette facilité de transports qui explique que la Part-Dieu soit un lieu d’implantation aussi prisé des entreprises. Aujourd’hui, le taux de vacance des locaux y est seulement de 2,8% alors même que nous avons développé 150 000 m2 entre 2009 et 2015 avant la création de la SPL et encore 150 000 depuis cette date. Et on ne trouve plus de locaux disponibles.
Si la Part-Dieu est la « locomotive » du développement économique lyonnais, est-ce à dire qu’elle concentre toutes les implantations d’entreprises et vampirise les territoires ? Évidemment non : la Confluence, le quartier de l’Industrie, Techlid, le Carré de Soie, l’Est lyonnais attirent également aujourd’hui, chacun avec sa spécificité.
Pourquoi des tours ?
Contrairement à l’idée qu’on veut parfois accréditer, ce ne sont pas des forêts de tours que nous voulions réaliser. Nous ne voulions pas d’un urbanisme de type Défense où les tours se touchent et ne dessinent plus de skyline mais un ensemble massif. Nous avons donc toujours veillé à la silhouette de la Part-Dieu.
Mais il est vrai que dans une agglomération comme celle de Lyon où le foncier est rare, si nous ne réalisons pas un certain nombre de tours, alors on ne construira qu’au détriment des espaces verts ou bien en allant toujours plus loin dans l’étalement urbain.
Pour ceux qui penseraient que ne peuvent pas s’harmoniser force architecturale des tours et volonté de renaturer la ville, il y a bien sûr l’exemple d’Incity et de Garibaldi. Nous pensons que l’ensemble est assez harmonieux.
Mais nous invitons à regarder d’autres villes. Milan par exemple et le projet « Milan city life ». Ils y verront la tour construite en 2017 par Zaha Hadid et ils pourront ainsi constater que les tours peuvent avoir une certaine allure et ont d’ailleurs une reconnaissance mondiale.
Oui la ville, ce ne sont pas que des herbes folles, c’est aussi la beauté de l’architecture et je crois qu’à Lyon, nous avons toujours voulu mettre cette recherche de la qualité en avant.
A la Part-Dieu n’y-a-t-il que des bureaux ?
Contrairement à ce qui est affirmé, à la Part-Dieu, on ne construit pas que des immeubles de bureaux. Dans les dernières années, nous avons ainsi réalisé à peu près 26 000 m2 de logements et là encore dans une grande mixité fonctionnelle.
L’îlot Desaix récemment construit en est un exemple qui fait cohabiter les logements construits par Portzamparc avec le siège d’Action Logement où un espace vert d’une grande qualité.
S’il était besoin que d’un exemple pour montrer que notre projet est bien basé sur la volonté de réaliser à la Part-Dieu une « ville à vivre » : il suffirait de regarder la requalification du centre commercial.
Avec la volonté que les piétons aient enfin une traversée est-ouest de la Part-Dieu plutôt que d’essayer de cheminer rue Servientau risque de se faire happer par la circulation.
Avec la réalisation de ce roof top végétalisé sur les terrasses qui réunira bars, restaurants, cinéma et même un accrobranche. Avec de belles vues sur Lyon et en particulier sur la colline de Fourvière. Nul doute que ce sera le lieu dans lequel beaucoup de familles de notre agglomération se donneront rendez-vous.
Nous pensons donc que ce quartier sera demain l’un des must en France.
Supprimer les tours, cela suffit-il pour faire un projet urbain ?
La nouvelle majorité, si l’on excepte la suppression des tours qui vont hélas porter un coup très dur à l’économie lyonnaise s’est finalement très largement inspirée de notre projet.
Dans la conférence de presse qui vient d’être tenue, elle se targue de l’agrandissement de la place Béraudier mais celui-ci était déjà prévu, de la réalisation à venir de la nouvelle Cité Administrative d’État. Ce sera là un projet majeur qui verra dans un premier temps la construction de 23 000 m2 sur le lot J qui jouxte le centre commercial puis quand celle-ci sera réalisée, de la démolition puis de la construction d’un nouvel ensemble, sur la rue Garibaldi, de 45 000 m2 dont 15 000 pour l’État. Deux espaces publics pourront alors voir le jour, avec la prolongation de la place du Lac jusqu’au Crayon et sur la partie Est de Garibaldi la mise en place d’espaces plantés de même nature que sur la partie Ouest.
Mais ce projet-là, c’est celui que nous avons conçu !
Parmi les tours que la nouvelle majorité veut supprimer, il y a celle prévue sur le tènement de Swiss Life mais celui-ci est compris entre les voies ferrées et l’usine de chauffage urbain. Veut-on y construire des logements ?
Reste la Place de Milan. Nous avions prévu d’y construire des tours pour faire pendant du côté Nord au To-Lyon qui va se construire du côté Sud.
La nouvelle majorité va continuer à détruire l’ensemble des immeubles, sauf celui du SYTRAL. A la place des tours, elle veut réaliser des logements mais elle indique qu’elle compte y mettre jusqu’à 40% de logement sociaux.
L’exemple de nos quartiers des années 60-70, aujourd’hui en rénovation urbaine, n’a-t-elle pas servi d’exemple pour démontrer combien était important l’équilibre social et combien le fait de mettre trop de logements sociaux dans les mêmes endroits pouvait conduire aux difficultés qui marquent trop de nos quartiers.
Enfin reste le terrain de France 3 sur lequel nous voulions réaliser un programme de logements diversifiés, du logement libre au logement social en passant par le logement locatif intermédiaire. Là encore la nouvelle majorité veut faire beaucoup de logement social là où nous voulions diversifier l’habitat.
Compte-tenu de l’emplacement, le coût pour la collectivité sera extrêmement élevé.
Le problème de l’équilibre économique de toute l’opération Part-Dieu est d’ailleurs ce qui va constituer à moyen terme la principale difficulté pour la collectivité. On peut vouloir réduire de 100 000 m2 la constructibilité de la ZAC mais évidemment le déficit n’est alors pas le même. Cela ne peut être pourtant pas un problème que la nouvelle majorité s’est posé puisqu’elle annonce vouloir doubler d’ici la fin du mandat la dette de la Métropole de Lyon, mais ce qui, un jour prochain aura un coût pour les lyonnais en matière de fiscalité.