Intervention de Yann Cucherat
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Bien que la décision semble déjà actée avant même d’avoir été débattue en conseil municipal, nous commençons malheureusement à nous habituer à cette façon de faire, je souhaiterais revenir sur la baisse de 500 K€ envisagée sur la subvention de fonctionnement de l’opéra.
Nous avons bien perçu, dans vos différentes politiques publiques que l’excellence, l’élite je pourrai dire, est un adversaire à combattre. Vous qui semblez promouvoir une culture lissée, appauvrie, sachez que cette privation de 500 K€, soit 7% de leur subvention de fonctionnement, n’aura pour effet que de tirer le milieu culturel tout entier vers le bas. C’est bien parce que ces grandes institutions d’excellence et de rayonnement international existent que le tissu associatif est si nourrit à Lyon. C’est cette complémentarité entre grandes institutions et associations qui a su, à travers les années, s’installer en suscitant des vocations et en permettant la pratique amateure et l’émergence de nouveaux talents.
J’ai entendu votre argumentaire pour tenter de minimiser cette baisse de subvention qui arrive dans la pire période que puisse vivre le secteur culturel, vous n’avez qu’à regarder à travers votre fenêtre pour l’observer. Pour noyer cette baisse extrêmement conséquente vous la calculez au regard de sa masse salariale et autres mises à disposition de lieu d’exercice. Mais si l’on parle de subvention de fonctionnement, parce que c’est bien de cela dont il est question, la baisse effective que vous envisagez est bien de 7% et non de 3%. Cette coupe budgétaire conduira nécessairement à des diminutions voire des suppressions de programmes lyriques, musicaux, chorégraphiques. C’est directement amputer une partie de la création et de l’émergence que l’opéra accompagne puisque plusieurs dizaines de structures régionales dépendent des créations de l’opéra…
Cette réduction est loin d’être anodine même si vous affirmez le contraire. Elle l’est encore moins quand, rappelons-le, vous prévenez l’Opéra et ses dirigeants de cette baisse 3 semaines seulement avant ce conseil municipal.
Mr le Maire, Mme l’adjointe, l’opéra n’est pas réservé à une élite alors que d’autres salles de spectacle seraient quant à elles destinées aux plus jeunes, aux moins experts. Cette pensée archaïque, je n’en doute pas faussement naïve, est une belle opération électorale malheureusement dévastatrice pour les équilibres culturels Lyonnais.
En tant qu’adjointe à la culture, votre devoir n’est pas d’opposer les structures les unes aux autres en les classant selon leur grandeur, leur rendement, leurs propositions artistiques et culturelles mais au contraire de les rapprocher, de les faire se rencontrer et c’est justement ce que nous avions proposé lors de la dernière campagne municipale.
Nous envisagions une baisse d’environ 4% des moyens alloués aux grandes institutions lyonnaises mais surtout pas pour pénaliser l’excellence culturelle et ses structures d’élite.
Dans le même esprit que le dispositif Trait d’Union mis en place sous ma délégation « Sport » lors du précédent mandat, il s’agissait de mieux se faire rencontrer les différentes formes de pratique culturelle locale afin qu’elle se nourrissent et s’enrichissent mutuellement. Cela aurait permis, avec les grandes institutions culturelles et jamais contre, de réaliser des appels à projet au service de l’émergence, de la création, cela aurait permis de faire bénéficier le secteur amateur de scènes dont il n’aurait jamais pu espérer.
C’est une dynamique vertueuse que nous souhaitions porter en collaboration et concertation totale avec les acteurs.
Le contexte sanitaire et économique, sans nul doute, aurait nécessité un report de ce projet.
Mais en tout état de cause, ces décisions auraient été prises sans dogmatisme aucun face à l’élite. De la culture par les Lyonnais et pour les Lyonnais, sans opposer excellence et émergence comme vous le faites.
Votre approche n’est finalement qu’une réduction de la croyance en les bienfaits de la culture dans toutes ses composantes et de son apport au monde, que nous ne pouvons que regretter.