Monsieur le Président,
Chers Collègues,
L’élection européenne du 9 juin a envoyé un message clair : celui d’une défiance dans le pouvoir en place et la non réponse aux problèmes rencontrés au quotidien par les français et notamment le pouvoir d’achat et la sécurité.
En plaçant le Rassemblement National largement en tête, les électeurs attendent que leur message soit entendu et tous les élus de la république doivent en tirer les conclusions avec humilité et clairvoyance.
Au soir du 9 juin, en choisissant de dissoudre l’Assemblée nationale, le Président de la République a pris la décision de rendre la démocratie au peuple.
Nous nous retrouvons donc aujourd’hui à la veille d’élections législatives décisives pour l’avenir de notre pays, qui pourraient voir l’Assemblée se parer de franges extrêmes de tous bords.
Avec à la fois, l’extrême droite, qui est un danger pour la démocratie et l’extrême gauche, qui joue la stratégie de la tension et la culture du clivage.
Les partis politiques donnent un spectacle bien navrant avec d’un côté un nouveau front populaire qui affiche avant même le début de la campagne des désaccords de fond sur les valeurs entre des partis de gouvernement et des partis extrêmes qui ne cherchent que le désordre.
De l’autre côté une union des droites qui divise le parti historique de droite et sème le doute chez les électeurs républicains.
Notre groupe appelle sans ambiguïté, avec humilité et décence à renvoyer dos à dos les deux extrêmes.
Avec la responsabilité que la situation exige, nous croyons en la synergie des forces centristes humanistes, qu’elles soient de la gauche ou de la droite républicaines, et qui permettront de faire valoir les principes universalistes qui ont toujours su nous rassembler face aux périodes de l’histoire.
Je me suis demandé quel aurait été le positionnement de Gérard Collomb.
Je me rappelle ce qu’il disait lors de son départ du ministère de l’intérieur et que nous avons tous en tête :
« On vit côte à côte, je crains que demain on ne vive face à face. Nous sommes en face de problèmes immenses »
Nous y sommes et il aurait sans aucun doute prôné l’union des forces humanistes.
Chaque élu de notre groupe prendra ses responsabilités et soutiendra le candidat dans sa circonscription qui sera le mieux placé pour porter nos valeurs et empêcher les extrêmes de prendre le pouvoir.
Dans ce moment d’exercice démocratique majeur et risqué pour notre pays, nous devons, nous élus locaux, nous montrer digne de nos mandats aux services des grandes lyonnaise et lyonnais, être à leur écoutes, prendre en compte leurs attentes et ne laisser aucune place à quelques formes de violences.
Monsieur le Président, il est temps de cesser de conduire vos politiques avec une absence criante de transparence, d’écoute et de concertation.
Vous présentez en commission permanente sans public et sans presse des dossiers majeurs pour notre métropole.
C’est le cas par exemple de la présentation du bilan désastreux des aides à la pierre engagées pour l’année 2023 et les 1955 logements sociaux financés, très loin de l’objectif des 4000 logements sociaux par an.
Ou encore, le bilan du fonds de solidarité logement inefficace pour répondre aux difficultés de certains ménages face à l’explosion de leur facture d’énergies.
Nous vous avons d’ailleurs envoyé, le 29 mai, un courrier à ce sujet pour vous faire des propositions très concrètes afin de venir en aide aux ménages de l’agglomération. Une lettre qui, pour l’heure, est restée sans réponse.
Enfin vous envisagiez de présenter aussi 6 dossiers de bilan de concertation sur les voies lyonnaises.
Vous avez accepté à la demande des groupes d’opposition de les traiter en conseil.
Nous nous exprimerons plus précisément à ce sujet lors de la présentation de ces dossiers.
Nous avons rencontré la semaine dernière de nombreuses associations de commerçants qui sont très inquiètes des conséquences de vos décisions sur les quartiers.
Ils pointent comme nous le faisons systématiquement avec d’autres depuis l’engagement du programme des voies lyonnaises, une concertation biaisée, des études d’impact inexistantes, un saucissonnage volontaire des projets pour éviter les études environnementales pourtant nécessaires.
Il nous faut absolument retrouver une vision globale des mobilités dans le respect d’un équilibre souhaitable entre les modes de transports tout en visant une neutralité carbone d’ici 2050.
C’est surement le dossier emblématique de votre mandat sur lequel vous avez réussi à faire le plus de mécontents.
Au-delà de votre méthode et de votre gouvernance que nous dénonçons régulièrement vous avez réussi à dégrader la situation financière de la Métropole qui était pourtant excellente à votre arrivée en 2020. Vous affichez les plus mauvais résultats depuis la création de la Métropole et même avant la communauté urbanise de Lyon.
Certes, vous mettez en avant le contexte économique notamment la baisse des DMTO conséquence de la crise immobilière mais cette baisse n’explique pas tout.
En manquant manifestement de prudence vous avez laissé déraper les dépenses de fonctionnement en ouvrant d’une façon inconsidérée les vannes des recrutements.
L’augmentation déraisonnée des dépenses de fonctionnement notamment les charges générales dont les frais de personnel explique la baisse de l’épargne.
Et une situation financière inquiétante.
Qui en fait les frais ?
Les agents que vous avez recrutés en nombre et en CDD qui aujourd’hui, se voient remerciés les laissant dans une situation de précarité professionnelle.
C’est le résultat d’une gestion qui manque de rigueur et de prudence
C’est inacceptable pour une Collectivité Publique, qui se doit de montrer l’exemple en termes de gestion de ces ressources notamment humaines.
Nous savons que vous avez demandé aux services de faire des économies
N’est ce pas déjà trop tard ?
N’aurait pas mieux valu poursuivre la politique prudentielle engagée au mandat précédent dès la création de la métropole pour maitriser les dépenses ?
Monsieur le Président, vous jouez avec le feu à bien des égards. En exacerbant systématiquement les débats, en jouant dangereusement avec nos comptes publics et en ne respectant pas ceux qui travaillent pour vous, vous attisez quotidiennement la fronde contre les politiques que vous engagez sur notre territoire.
N’attendez pas le point de rupture pour écouter les habitants, l’ensemble des acteurs de la ville souvent victimes de vos aménagements unilatéraux et autoritaires.
N’attendez pas le point de rupture pour écouter les communes.
N’attendez pas le point de rupture pour écouter votre opposition qui représentent aussi une expression démocratique légitime de la Métropole. Je vous remercie.
Propos préalable de Nicole Sibeud en Conseil de la Métropole, lundi 24 juin 2024.