Monsieur le Président,

Chers collègues,

Malgré un contexte mondial et national complètement fou, et dont beaucoup dans cet hémicycle en parleront bien mieux que moi, permettez-moi de ramener les débats aux enjeux de notre territoire.

Dans quelques semaines, Lyon et sa Métropole s’illumineront. De cette lumière qui, chaque 8 décembre, fait battre le cœur de notre Métropole. La Fête des Lumières n’est pas un évènement parmi tant d’autres. C’est notre identité, notre histoire, notre vitrine culturelle internationale. Un rendez-vous populaire attendu par tous les grands Lyonnais, quelques soient les générations.

Une bouffée d’air aussi, dans une période très chahutée et anxiogène.

Mais cette année, avec le concours du maire de Lyon, vous avez décidé de réduire cet événement à une simple obligation :

  • 80 000 euros de subventions métropolitaines supprimés en 2025,
  • un tiers d’œuvres en moins,
  • et des places emblématiques privées d’illuminations.

La place Bellecour elle-même restera éteinte. Tout cela pendant que la Ville de Lyon trouvait 1,6 million d’euros pour une œuvre urbaine aussi coûteuse que contestée.

Ces 80 000 euros que vous avez supprimés, c’est à peine 0,002% de vos dépenses annuelles.

Comment expliquer aux Grands Lyonnais que leur Métropole renonce à sa fête la plus emblématique, pour une somme qu’elle engage si facilement ailleurs, parfois au bénéfice d’associations dont l’intérêt général n’apparaît pas toujours évident.

N’oublions pas aussi qu’une Fête des Lumières digne de ce nom génère des recettes substantielles via la taxe de séjour et fait vivre notre économie touristique.

Mais voyez-vous Monsieur le Président, ce choix n’a rien d’anodin.

Il est l’illustration parfaite de ce mandat : diviser là où vous devriez rassembler, fracturer là où vous devriez fédérer. Et quand les choses tournent mal, invariablement, vous pointez du doigt l’État, la conjoncture, la malchance… Tout sauf votre responsabilité.

C’est d’autant plus surprenant, quand on sait que tout au long du mandat, vous n’avez pas lésiné sur les dépenses de fonctionnement.

Trois années d’une boulimie financière, alors que tout le monde voyait l’orage gronder au loin. Et quand la tempête est arrivée, vous avez freiné… brutalement. Non pas par choix politique, mais par contrainte.

Votre premier réflexe a été de ne pas reconduire nombre de vos agents en CDD ainsi qu’un départ à la retraite sur deux.

Puis d’aller chercher l’argent dans les poches des ménages et des entreprises : Hausse des DMTO, du versement mobilité, de la TASCOM, de la CFE… Autant de décisions qui étranglent nos concitoyens alors même que l’inflation frappait déjà de plein fouet.

Votre politique est désormais massivement rejetée par les grands lyonnais. 2/3 selon les études, mais surtout selon ce qu’ils nous disent dans la rue, dans les commerces, dans les transports.

Monsieur le Président, il ne suffit pas de gouverner en invoquant uniquement des grands principes. On est aussi jugé sur ses conséquences.

Vous proclamez l’écologie, la solidarité, la mobilité durable. De beaux mots. Mais votre gouvernance a fait basculer notre territoire dans l’arrogance, la contrainte et l’assignation.

Vous avez transformé la Métropole de Lyon en un grand laboratoire au service de votre idéologie.

Le projet en Presqu’île en a été l’un des marqueurs les plus symboliques. Pas d’étude d’impact sérieuse, une concertation de façade.

Et surtout, cette conviction inébranlable d’avoir raison sur tout, envers et contre tous.

Le résultat est à la hauteur de la méthode : chaotique.

À Bellecour, les lignes C20 et C40 ont été déplacées de l’ouest vers l’est : les usagers doivent traverser toute la place pour une correspondance qui, hier, se faisait à quelques pas du métro.

1 kilomètre à pied ça use, dit la chanson. Mais ça épuise surtout quand on est en fauteuil, quand on est enceinte ou quand on a 80 ans ou + et qu’on porte ses courses.

Vous nous aviez promis que la ZTL ferait revenir les clients. La réalité est tout autre. En trois mois, la fréquentation des commerces du nord de la rue de la République a chuté de 13%. Les prix de l’immobilier, quant à eux, ont baissé de 8,2%. Les professionnels pointent tous les mêmes causes : accumulation de travaux, la ZFE et ZTL, les insécurités et les nuisances.

Au mieux on peut parler d’amateurisme, au pire d’une politique incapable de servir une vision réellement intermodale.

Soyons clairs, nous partageons les objectifs d’apaisement de la Presqu’île. Ce que nous contestons, c’est une mise en œuvre brutale, conduite sans écoute, sans compromis, sans prise en compte des réalités du quotidien. Et surtout, une incapacité à vous remettre en question quand le bon sens imposerait de corriger le tir.

Vous multipliez donc les effets d’annonce, les communiqués et les visuels léchés, mais tout cela sonne creux.

En tant que président du SYTRAL, vous avez récemment annoncé un plan d’investissement de 43 millions d’euros pour renouveler 75 ascenseurs et 76 escaliers mécaniques d’ici 2035.

Mais enfin, qu’avez-vous fait depuis 2020 pour éviter que l’accessibilité du métro ne se délite à ce point ?

Qu’avons-nous sous les yeux aujourd’hui, sinon l’aveu d’une négligence, pour réparer d’ici 15 ans ce qui aurait simplement dû relever d’une maintenance régulière ?

Vous célébrez le rattrapage de vos propres retards comme un succès. C’est à la fois déroutant et inquiétant.

Car pendant que vous soignez la vitrine avec des communications-écran, l’arrière-boutique du service public quotidien se dégrade.

Au collège Louis Aragon, il a fallu que le personnel éducatif et les parents menacent de faire grève pour obtenir le remplacement d’agents d’entretien.

À Poleymieux-au-Mont-d’Or, les trottoirs sont envahis de mauvaises herbes. Les habitants ont lancé une pétition, croyant que la Métropole s’était désengagée de sa compétence d’entretien des voiries. Vous plaidez « l’enherbement naturel », mais nos aînés et les personnes à mobilité réduite veulent simplement des trottoirs praticables.

Enfin, je souhaite dire un mot concernant la situation de nos sapeurs-pompiers du SDMIS qui manifestent en ce moment même devant l’Hôtel de la Métropole.

Les agressions à leur encontre ont augmenté de 11 % en un an. Le 4 novembre encore, trois pompiers ont dû fuir sous des menaces de mort.

Nous leur exprimons notre soutien total et indéfectible.

Leur mobilisation fait suite à l’échec du dialogue social du 5 novembre.

Trois revendications : pouvoir d’achat, conditions de travail, effectifs. Trois demandes légitimes.

La Métropole finance près de 80 % du SDMIS. En tant que principal financeur, elle doit prendre ses responsabilités : renouer le dialogue social, trouver des solutions transitoires et garantir au plus vite à nos pompiers des moyens à la hauteur de leur engagement.

D’autant que cette crise n’est pas un cas isolé. L’intersyndicale des agents de la Métropole parlait déjà, il y a quelques mois, d’une « absence totale de dialogue social ». Du jamais vu dans l’histoire de cette maison.

Monsieur le Président, tout le monde le constate, votre politique est à bout de souffle.

Les Grands Lyonnais n’en veulent plus.

Il est temps que nous remettions la Métropole à hauteur d’habitants.

Celle d’une communauté d’acteurs, d’élus de terrains et de communes qui décident ensemble de leur avenir.

Celle d’une métropole qui sait écouter et s’adapter à la réalité plutôt que de la plier à son idéologie.

Celle d’une métropole sûre, où l’on puisse prendre le métro ou le bus à toute heure sans craintes.

Celle d’une métropole de proximité, où l’entretien et ou la propreté ne sont plus un luxe mais la norme.

Celle d’une Métropole ambitieuse et attractive, qui fasse rayonner nos entreprises et promeuve notre héritage culturel.

Une Métropole qui donne envie de s’y installer, d’y entreprendre et d’y demeurer.

Tous ces sentiments qui se sont bien trop effrités au cours de votre mandat.

Aujourd’hui, nombreux sont celles et ceux qui nous disent qu’ils ne se reconnaissent plus dans cette Métropole- là.

Il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre.

Cette alternance que beaucoup appellent de leurs vœux, nous la construisons, avec l’ambition d’unir et de rendre à la Métropole le souffle qu’elle mérite.

Je vous remercie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *