Monsieur le Président,
Chers collègues,
J’aimerais débuter mon propos en revenant sur les paroles qui ont été prononcées par M. le Vice-Président Renaud Payre en Commission Urbanisme la semaine dernière. Lors de sa présentation, M. Payre a débuté son intervention en reprochant à la majorité précédente de « ne pas avoir vu pendant longtemps la Métropole comme un territoire universitaire », ajoutant que la nouvelle majorité « partait de loin » à ce sujet.
Si nous avons l’habitude d’entendre Monsieur le Vice-Président se plaindre d’hériter d’une situation délicate et de rejeter sans cesse la faute sur l’État, sur l’exécutif précédent, sur la Région, ou qui-sais-je encore, nous pensons qu’il n’est pas responsable pour un Vice-Président chargé de la politique du logement de tenir ce genre de propos, d’autant plus quand ils sont quelque peu erronés.
Pour rafraîchir la mémoire de votre gouvernance, afin de soutenir la politique de logements sociaux étudiants, la Métropole avait engagé, dans le cadre du plan État-Région 2015-2020, une enveloppe totale de 14,5 millions d’euros, permettant une production sans précédent de 425 logements étudiants par an sur la période 2014-2020.
La Métropole a toujours eu l’ambition de faire de notre territoire un leader dans l’enseignement supérieur et la recherche, en travaillant à améliorer son attractivité.
C’est aussi pour cela que vous héritez du 2eme pôle d’enseignement supérieur de France, je pense qu’il ne faut pas l’oublier.
Alors, nous en convenons, tout n’a pas été parfait, les défis qui restent à relever sont nombreux, mais nous aurions préféré que votre majorité, à défaut de reconnaissance, fasse au moins preuve de tempérance dans ses interventions.
Je reviens à ce qui nous importe ici : à savoir les enjeux d’aujourd’hui et de demain en matière d’aide au logement des jeunes, et ce que nous voulons offrir aux étudiants présents sur la Métropole.
Tout le monde s’accorde à dire dans cette assemblée que la mise en œuvre de notre politique d’aide au logement est une des priorités de la fin de ce mandat.
Vous avez mené une étude qui prévoit, sur la période 2024-2029, l’arrivée de 3 000 étudiants supplémentaires, portant la présence totale sur l’agglomération à 193 000 étudiants. Votre étude a permis d’établir une capacité de production de 4 850 nouveaux logements sociaux étudiants d’ici 2029.
Dans le meilleur des scénarios, cela permettrait d’atteindre un taux de couverture de 9,5%, insuffisant au regard de l’objectif national fixé à 10%.
On ne peut donc pas se satisfaire des perspectives à venir, d’autant plus lorsqu’on les met en relief avec le baromètre 2024 de l’UNEF. Dans ce rapport, on apprend, entre autres, que les étudiants sont parmi les plus durement touchés par la pression inflationniste. Ainsi, en 2024, l’UNEF rapporte une augmentation de 3,18% du coût de la vie étudiante sur la Métropole, bien supérieure à la moyenne nationale.
La tension locative, elle, a augmenté de plus de 22% sur la période 2022-2024.
L’accélération de la précarité étudiante et les difficultés diverses auxquelles ces derniers font face nous obligent à réfléchir différemment et devrait vous amener à ne pas concentrer vos efforts uniquement sous le prisme du critère « quantitatif ».
Il semble qu’une part essentielle de l’équation manque à votre réflexion.
Si votre étude prévoit plus de logements sociaux étudiants, qu’en est-il du diagnostic pour la réhabilitation du parc de logements étudiants existants ? Surtout quand on sait que nombre de ces logements sont dans un état de dégradation avancé.
Vous avez récemment œuvré à la surélévation de bâtiment, ce qui est une excellente démarche. En parallèle, l’enjeu de réversibilité du foncier, qu’il soit en amont ou en aval, est une opportunité qui se doit d’être exploitée. Je pense notamment à la transformation des bureaux vacants en logements étudiants.
Sur notre territoire, qui est soumis à des tensions durables en matière de logement, nous nous devons d’activer tous les leviers possibles.
C’est donc un problème qu’il faut prendre sous tous ses aspects, et qu’on ne peut limiter à la simple question de places ou de capacités. Garantir aux étudiants des conditions de vie décentes et un hébergement durable ne sera possible qu’en respectant ces exigences.
Notre jeunesse est plus que jamais vulnérable, et c’est notamment par l’écoute que nous pouvons créer des solutions réellement adaptées à ses besoins.
Le logement constitue un élément clé de l’égalité des chances et de la réussite. Il contribue à la mobilité des jeunes, à leur procurer les conditions sereines pour leurs recherches d’orientation professionnelles, à l’acquisition de leur autonomie et à leur épanouissement personnel.
Notre action doit s’inscrire dans cette démarche en garantissant aux étudiants des conditions de vie respectables en intensifiant nos efforts sur l’accès aux logements abordables pour le plus grand nombre
Nous voterons évidemment en faveur de ce projet.
Je vous remercie.
Intervention de Delphine Borbon au Conseil de la Métropole du 30 septembre 2024, Délibération N°2024-2400.