Monsieur le Président,
Après la semaine marquée par les funérailles de Gérard Collomb, semaine où collectivement nous avons beaucoup parlé de vision, de pragmatisme et d’efficacité, je souhaite revenir sur l’inauguration de la giga-factory orientée sur la production de piles à hydrogène de Symbio, à Saint-Fons, la semaine passée. Inauguration à laquelle Gérard Collomb aurait adoré participer tant ce projet lui correspondait parfaitement.
Je veux l’évoquer ici devant vous car cette inauguration n’a rien d’anodin. Elle est le fruit d’une anticipation des besoins futurs, d’une volonté de relocaliser notre système productif et de l’ambition de réindustrialiser nos territoires, tout en concentrant nos efforts vers la transition écologique : en l’occurence, la pile à hydrogène permettra de décarboner nos flottes d’utilitaires.
Par ailleurs, en développant d’importantes capacités locales de production, il s’agit d’éviter de faire circuler nos produits sur des milliers de kilomètres en émettant des centaines de tonnes de C02, tout en favorisant nos emplois territoriaux.
Cette inauguration témoigne ainsi d’un pragmatisme pour trouver des solutions très concrètes permettant d’avancer en direction de la neutralité carbone et de participer efficacement, concrètement, à emporter la bataille du climat.
De l’anticipation, du pragmatisme et de la confrontation au réel du présent pour mieux préparer celui de demain. Autrement dit, une véritable politique de transition écologique. Voilà, au fond, ce que traduit le projet Symbio à Saint-Fons. Par contraste, cette inauguration m’a frappé, Monsieur le Président, tellement elle paraît constituer l’antithèse de ce que votre exécutif promeut depuis trois ans, vous qui, malheureusement, privilégiez régulièrement les slogans aux solutions.
En ce qui nous concerne, que ce soit face aux contradictions insolubles et illogiques de cette majorité métropolitaine, ou contre la radicalisation de notre société, notre groupe reste plus que jamais convaincu de la nécessité de porter un projet progressiste, humaniste et pragmatique. Radicalisation évidemment du côté de l’extrême droite et de Marine Le Pen mais aussi du côté de Jean-Luc Mélenchon. Si ces deux personnages ne sont pas à mettre sur le même plan, ils sont aussi clivants que dangereux, l’un comme l’autre.
Nous sommes pleinement entrés dans la seconde phase du mandat, et trop de fois depuis 2020, Monsieur le Président, nous avons vu votre exécutif arc-bouté sur des postures – en matière de mobilités, d’urbanisme, d’économie, … – qui ne satisfont que vos seuls partisans, quitte à diviser nos concitoyens :
les piétons et les cyclistes contre les usagers des transports ou les automobilistes ; les habitants du centre de la Métropole contre ceux des communes de la deuxième ou de la troisième couronne ; les jeunes CSP+ valides contre les personnes plus modestes, en mauvaise condition physique, en situation de handicap ou plus âgées.
Le projet d’Apaisement de la Presqu’Île et de la Rive droite du Rhône fut un exemple tellement criant de cette méthode clivante et excluante que même des élus communistes – de votre propre majorité ! – ont dû vous mettre en garde.
Quant à votre gestion de cette Métropole et votre capacité à faire monter en puissance sa transition écologique, nos doutes depuis le début du mandat se confirment jour après jour. Nous y reviendrons pendant les débats relatifs au budget et au rapport « Transition et Résilience » 2023. Mais derrière votre communication plus électoraliste que véritablement politique « du dernier mandat pour le climat » et de pilotage financier responsable, le constat d’échec est sans appel sur trop de points. Voilà la conséquence d’actions court-termistes décousues au prix d’une vision globale anticipant l’avenir, de slogans martelés au détriment de solutions travaillées, d’une gouvernance politicienne verticale, antithèse d’une présidence au service de l’intérêt général.
Je crois, Monsieur le Président, que, comme beaucoup de membres de votre exécutif, que vous commencez, certes très doucement, mais vous commencez tout de même à prendre conscience de vos propres contradictions, vos paradoxes irraisonnés et de vos propres impasses.
Comment expliquer sinon ces soudaines inspirations – très peu subtiles soit dit en passant – tirées de ceux qui vous ont précédés et qui, pour certains, viennent tout juste de nous quitter ? Je sais bien, par expérience, que nombre d’entres vous vont chercher maintenant à capitaliser sur une récupération de l’œuvre politique de Gérard Collomb à Lyon et dans cette métropole. Ceux-là même qui l’ont tant décrié, souvent à coup de mauvaise foi, c’est malheureusement et pathétiquement classique.
Sauf qu’il est bien tard pour que cette majorité se révèle soudainement consensuelle, pragmatique, soucieuse du quotidien de ses administrés ; alors que pendant trois ans, elle n’a eu de cesse d’imposer le fait majoritaire, de se montrer dogmatique, quitte à faire l’économie de la justice sociale, comme nos débats sur la ZFE nous l’ont longtemps démontré.
Bien sûr, Monsieur le Président, que notre groupe demeurera ce collectif lanceur d’alertes qu’il a toujours été, dénonçant vos paradoxes et, parfois, il faut bien le dire, vos supercheries. Mais surtout, nous continuerons à porter un discours équilibré, soucieux du réel et déterminé face aux enjeux sociaux et climatiques. Nous continuerons à travailler sur un projet de progrès de notre territoire face aux défis auxquels nous faisons face.
Préparer l’avenir de toutes et tous, quelque soit leur condition, en étant lucide quant aux problématiques du présent, c’est pour nous le meilleur rempart face aux fractures de notre temps, fractures que la violence désinhibée, issue des évènements de Romans-sur-Isère et de Crépol, nous a tragiquement rappelées et nous la condamnons avec la plus grande fermeté. Evénements tragiques récupérés de manière abjecte par l’extrême droite et l’ultra-droite qui globalement ne font qu’un.
Merci.
Propos préalable prononcé par Louis PELAEZ lors du conseil métropolitain des 11 et 12 décembre 2023