Monsieur le Président,
Chers collègues,
Je ne reviendrai pas sur l’historique des orientations budgétaires que vous avez fait prendre à notre Métropole ces dernières années. Mon collègue Lionel Lassagne les a parfaitement exposées, et je partage pleinement son analyse.
Toujours est-il, qu’aujourd’hui, l’heure est au choix. Comme l’a bien rappelé le Vice-Président aux Finances, Monsieur Artigny, vous avez décidé de répartir les baisses budgétaires sur de nombreux domaines, plutôt que de les concentrer sur quelques secteurs précis. Dont acte.
Cependant, depuis que vous êtes confrontés à la nécessité de réduire les dépenses de la Métropole, nous déplorons le manque de stratégie et l’absence de vision claire que vous nous présentez quant à la façon dont vous envisagez ces économies.
Cette absence de cap se fait malheureusement au détriment des acteurs locaux, des communes, des entreprises, des commerçants et de tous les administrés de notre territoire qui dépendent pourtant des politiques publiques que vous engagez.
Monsieur le Président, je vous le dis sans détour, pour nous, ce budget 2025 franchit certaines lignes rouges. Certains choix budgétaires et les coupes qui les accompagnent ne sont pas acceptables et auront des conséquences irréversibles.
Gouverner, c’est choisir. Mais choisir, ce n’est pas renoncer. C’est pourtant ce que vous faites aujourd’hui.
Le premier secteur que vous sacrifiez, c’est le monde économique. Une baisse de 8,6 millions d’euros pour l’économie responsable, une réduction de 14,7 % pour l’entrepreneuriat local, un coup de rabot de 2 millions sur la transformation économique et l’innovation. Moins de soutien aux entreprises, c’est moins d’emplois, moins de dynamisme, moins de croissance. Concrètement, ce sont des entrepreneurs qui hésiteront à se lancer, des petites entreprises qui peineront à se maintenir à flot, des innovations qui ne verront pas le jour.
Le deuxième secteur que vous abandonnez, l’éducation. Une baisse de 8 % des dotations aux collèges métropolitains, soit 2,7 millions d’euros, qui ne pourrait être justifié par la simple raison des baisses du cout des factures d’énergie ou la prise en compte d’un fonds de roulement.
Pourtant, le nombre de collégiens reste stable et de nouveaux établissements doivent ouvrir leurs portes cette année. Moins de moyens pour les collèges, c’est des équipements qui ne seront pas renouvelés, des conditions d’apprentissage qui se dégradent et des collèges contraints de renoncer à certains projets éducatifs.
Troisième recul majeur, l’attractivité du territoire. Vous retirez 1,8 million d’euros destinés à à OnlyLyon. Ce n’est pas une surprise. Depuis cinq ans, vous avez choisi le repli au détriment du rayonnement. Moins d’investissement dans l’attractivité du territoire, c’est moins de nouvelles entreprises qui s’implantent, moins de création d’emplois, moins de visibilité à l’international. À terme, c’est une Métropole qui s’efface face à d’autres territoires plus ambitieux.
Je vous épargne le détail de toutes les coupes budgétaires car la liste serait longue. On peut néanmoins évoquer la baisse des moyens engagés pour la culture de 3,2 millions d’euros, la baisse de 18 % des fonds destinés à l’accompagnement des mineurs isolés, un recul de l’engagement en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu’une diminution des crédits alloués à la gestion et à l’entretien du domaine public. Quand on voit l’état de certaines voiries métropolitaines, on mesure l’ampleur des dégâts.
Monsieur le Président, ce budget n’est pas seulement un aveu d’échec de votre gestion irresponsable de nos deniers publics, il est aussi la sanction de la démesure et de l’hubris dont vous avez fait preuve ces cinq dernières années.
Il vous conduit même à renier vos propres priorités et engagements pourtant affichés fièrement en tant qu’écologistes revendiqués. La transition énergétique ? Vous en réduisez le budget de 2,2 millions d’euros ! Une coupe que vous tentez de justifier par une simple « révision des interventions en matière de rénovation énergétique ».
Et que dire de votre propre création, le Revenu de Solidarité Jeunes ? Vous l’avez instauré, vous l’avez défendu… mais aujourd’hui, vous êtes dans l’incapacité d’en assurer pleinement le financement. Un désengagement qui en dit long sur l’incohérence de votre gestion.
Il est d’ailleurs assez ironique de vous entendre vous vantez de maintenir vos efforts concernant votre politique solidarité. Alors qu’en ce qui concerne l’insertion et l’emploi, l’accompagnement du RSA, le RSJ, l’accompagnement aux mineurs isolés connaissent bien des réductions budgétaires.
Alors bien sûr, nous connaissons votre refrain ! C’est la faute de l’État, c’est la faute de l’opposition, qui ne propose aucune mesure d’économie. Mais cessons les faux-semblants !
Vous cherchez des économies, il y en a pourtant à faire dans d‘autres domaines.
D’abord, il aurait été judicieux au préalable d’éviter le gaspillage qui a jalonné ce mandat.
Ensuite, en optimisant le coût lié aux dépenses de fonctionnement de l’institution, que soit des dépenses de personnels mais aussi de votre communication démesurée, qui ne dupe plus personne.
Monsieur Artigny a tenté de justifier ces dépenses en avançant que la communication représenterait 35 % des dépenses, en baisse par rapport au mandat précédent. Très bien, alors faisons toute la lumière sur cette question ! Accédez à la requête du groupe Synergies, que nous soutenons et qui demande d’obtenir un rapport détaillé des dépenses liées à la communication sur votre mandat.
Et des économies, il y en aurait d’autres à faire ! Par exemple, en limitant le recours à l’externalisation et le recours aux prestataires. Pourquoi cette frénésie ? Est-ce un manque de confiance envers les agents ? Ou bien est-ce la conséquence de certains secteurs en sous-effectif, résultant directement de vos choix budgétaires ?
Allez donc chercher l’argent là où il est, au lieu de ponctionner celles et ceux qui travaillent souvent durement, celles et ceux qui font vivre notre territoire.
Autre exemple, vous maintenez une autorisation de programme pour l’investissement à hauteur de 900 millions d’euros. À première vue, on pourrait y voir une ambition préservée, des projets au bénéfice des habitants. Mais lorsque l’on constate que les Voies Lyonnaises absorbent une part importante des investissements en mobilité et transports, que reste-t-il pour les autres projets ? Des miettes.
Pendant ce temps, des plans de circulation mal conçus, une ZTL qui arrivera en juin et des aménagements coûteux entravent le quotidien des usagers, fragilisent les commerçants et compliquent le travail des professionnels de santé. Là aussi, il serait temps d’interroger certains choix et de recentrer les priorités pour un investissement réellement utile à tous.
Chers collègues, ce budget 2025 risque d’engager des choix lourds de conséquences. Il est pour nous l’illustration d’un renoncement. Et nous devons nous y opposer !
Je crains d’ailleurs que ce mandat ne s’achève dans le rejet et le désaveu de votre majorité par les habitants.
Comment pourrait-il en être autrement, quand vous n’avez eu de cesse de fragiliser notre territoire, de le mettre en péril et de l’entraîner dans une spirale de régression…
Notre groupe votera contre le budget primitif 2025.
Je vous remercie.
Délibération n°2025-2775 – Intervention d’Yves-Marie Uhlrich en Conseil de la Métropole du lundi 17 mars 2025.