Monsieur le Président,
Chers collègues,
À l’aube du printemps, alors que la nature se réveille, que les oiseaux recommencent à chanter, les arbres à bourgeonner, hélas, du côté de la Métropole, c’est plutôt la saison des tempêtes.
Depuis bientôt 5 ans, nous n’avons cessé de vous mettre en garde.
5 ans à dénoncer votre gestion à courte vue, votre manque de prévoyance et vos dépenses effrénées, alors même que les signaux d’alerte étaient déjà bien visibles : un État qui se désengage progressivement, des recettes locales en chute libre, notamment les DMTO, et pourtant, vous avez poursuivi votre fuite en avant.
Entre 2019 et 2023, les dépenses de fonctionnement ont augmenté de 20 %.
Aujourd’hui, le point d’impact est là.
Il suffit de regarder la présentation du budget 2025 que vous nous proposez aujourd’hui : un budget marqué au fer rouge par des coupes budgétaires importantes, disséminées dans de nombreux domaines de compétences métropolitaines et une pression sans précèdent sur les services de la métropole.
Ce Budget 2025 n’est pas un plan d’avenir, mais un aveu d’échec, un acte de renoncement après quatre ans de dépenses inconsidérées.
Nous avons toujours défendu une gestion rigoureuse et pragmatique des finances publiques locales.
Nous savons qu’il faut faire des choix, trouver des équilibres, prendre des décisions difficiles parfois mais mieux vaut le faire en anticipation qu’en situation de crise.
Ce budget n’est pas une simple série d’ajustements chiffrés, il révèle en creux des choix politiques qui questionnent.
Il met en lumière, sans détour, ce que vous considérez comme secondaire et ce que vous êtes prêts à sacrifier sur l’autel de votre irresponsabilité financière :
- 2,7 millions d’euros en moins pour les collèges métropolitains, alors que le nombre de collégiens reste stable et que de nouveaux établissements ont ouvert ces dernières années. L’éducation devient clairement une variable d’ajustement.
- 500 000 euros supprimés pour le soutien à l’entrepreneuriat local, alors que notre économie a besoin d’un élan et d’un soutien renforcé pour faire face aux défis de demain. Pire encore, la cotisation foncière des entreprises augmente de 1,8 %, exerçant ainsi une pression toujours plus forte sur le monde économique.
- 1 million d’euros en moins pour la valorisation et l’attractivité du territoire, comme si nous pouvions nous permettre de reléguer le dynamisme et le rayonnement de notre territoire au second plan.
Quel message envoyez-vous aux enseignants et aux personnels éducatifs ?
Qu’ils devront faire mieux avec moins ?
Quel signal donnez-vous aux entreprises, particulièrement les PME ?
Qu’elles doivent encore contribuer plus dans un contexte économique déjà fragile et contraignant ?
Et tandis que vous imposez l’austérité à ceux qui font vivre notre territoire, les dépenses de fonctionnement de l’institution continuent de grimper : 640 millions d’euros en 2025, contre 532 millions en 2019 ! Et cette augmentation n’est pas seulement due aux dépenses de la masse salariale.
Où est l’effort ? Où est l’exemplarité ?
Monsieur le Président, allez donc chercher l’argent là où il est gaspillé !
Pourquoi les dépenses de communication ont-elles triplé sous votre mandat ?
Pourquoi maintenir par exemple une revue de presse à plus de 130 000 euros alors que vous demandez aux agents de la Métropole et aux administrés de se serrer la ceinture ?
Ce budget 2025 met fin à l’illusion et la diversion que vous pratiquez depuis des mois en incombant la seule faute de la situation financière à l’État et à la crise immobilière.
Quel est d’ailleurs précisément l’effort financier demandé par l’État au final ?
Vous êtes largement responsable d’une situation financière critique, du jamais vu, alors que l’ADN même de la Métropole imposait une grande prudence et une gestion adaptée à notre collectivité unique en son genre ou le dynamisme économique devait être le garant d’une politique de solidarité ambitieuse et pérenne.
Vous faites supporter aux structures subventionnées par la Métropole les conséquences de votre gestion imprudente sans pour autant expliciter votre stratégie et vos choix.
Vous nous soumettez des baisses de subvention au cas par cas sans stratégie exprimée si ce n’est « il faut faire des économies à cause du gouvernement ».
En ce qui nous concerne, faute de vision globale sur les baisses de subventions, présentées au cas par cas, nous nous abstiendrons sur toutes les délibérations concernées.
Vous faites aussi supporter aux agents de la Métropole les conséquences de votre irresponsabilité financière, tout en masquant la détérioration de la qualité du service public derrière une communication débridée et en décalage avec la réalité.
Au-delà de la crise financière, Vous aggravez la situation en créant une crise sociale interne, en raison de votre absence de dialogue et de reconnaissance envers celles et ceux qui assurent le service public au plus près des territoires et des habitants.
L’ampleur du mouvement social inédit d’aujourd’hui démontre, s’il en était besoin, que les agents ont le souci de l’intérêt public et demandent seulement à être écouté et considéré.
J’y reviendrais plus longuement lors de mon intervention sur les effectifs.
Aussi, alors que la Zone à Trafic Limité entrera en vigueur le 1er juin, je ne peux passer sous silence la détresse des commerçants de la Presqu’île, étouffés par vos décisions.
Les travaux que vous avez engagés sans véritable concertation, sans écouter les acteurs présents ont aujourd’hui un impact majeur et irréversible.
Les décisions que vous avez prises sur la ZFE et sur la ZTL sont dramatiques pour les activités économiques du centre-ville.
La situation a atteint aujourd’hui un point de rupture.
Les commerçants de la Presqu’île sont asphyxiés. Trop de mesures restrictives, appliquées trop brutalement, trop vite, sans prise en compte de la réalité sociale et économique.
La transition écologique doit être collective, pas un dogme appliqué sans anticipation.
Nous avons toujours soutenu l’apaisement du centre-ville, mais le vôtre n’en est pas un, il se traduit par des contraintes subies, des activités étouffées tout cela dans une absence totale de dialogue.
Les commerçants de tous les centres villes affectés par des travaux non coordonnées souffrent : En presqu’ile, 65 % des commerçants estiment que leur chiffre d’affaires a chuté entre le premier semestre 2023 et 2024, laissant présager de nouvelles fermetures.
Monsieur le Président, vous oubliez l’essentiel ! Le bien-vivre ensemble, la vitalité de nos quartiers, l’accès à l’emploi et à des services publics de qualité.
La transition climatique est nécessaire, mais elle ne doit pas être votre domaine réservé.
Une transition réussie ne se décrète pas, elle se prépare, elle se partage, elle s’accompagne.
Malheureusement, vous avez fait de l’autoritarisme votre méthode. Vous en portez la responsabilité et en assumerez les conséquences.
Je vous remercie.
Propos préalable de la Présidente du groupe Nicole Sibeud en Conseil de la Métropole du 17 mars 2025.